Qu'est-ce que la trypophobie?

La vue d'éponges naturelles, de cellules en nid d'abeille ou de pâte à crêpes pétillante fait-elle ramper votre peau? Vous faites peut-être partie de milliers de personnes atteintes de trypophobie - une aversion extrême pour les motifs groupés de trous irréguliers ou de bosses. Les images virales de gousses de lotus, de crapauds du Surinam gravides et de pics stockant des fruits dans des arbres ont déclenché des réactions de trypophobes en ligne et sensibilisé à la maladie. Bien que répandue de manière anecdotique, la phobie n'est pas répertoriée dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, cinquième édition (DSM-5), le guide de diagnostic des troubles mentaux reconnu par les psychologues professionnels.

Causes et symptômes de la trypophobie

En voyant un morceau de corail à fossettes, une baignoire remplie de bulles ou même du chocolat aéré, une personne atteinte de trypophobie peut devenir dégoûtée ou se sentir physiquement malade. Ils peuvent sentir leur cœur battre, battre la tête ou ramper. Parfois, même une description narrative d'un visuel déclencheur peut provoquer ces symptômes, aucune image n'est nécessaire. [Clowns ou trous: de quoi votre état a-t-il le plus peur?]

La plupart des personnes trypophobes montrent le dégoût comme principal symptôme, ce qui est rare dans les phobies reconnues, où la peur est plus répandue, selon une revue de 2018 dans Frontiers of Psychiatry. Les femmes semblent plus susceptibles de développer une trypophobie, et ses diagnostics de comorbidité les plus courants sont le trouble dépressif majeur et le trouble d'anxiété généralisée.

Une phobie est un type de trouble anxieux qui peut déclencher des symptômes de nausées, d'étourdissements, de palpitations cardiaques, de tremblements et de sentiments de panique, selon le National Health Service. Les phobies se développent lorsque les gens ont un sentiment exagéré de peur à propos d'une situation, d'un lieu, d'un sentiment ou d'un objet; cette réaction écrasante peut provenir de leurs propres expériences traumatisantes ou des réponses qu'ils ont retenues en observant les autres. Les chances de développer une phobie dépendent de l'histoire génétique d'une personne.

"Il est important de comprendre les raisons sous-jacentes de l'aversion de l'individu pour les objets ou les images avec de petits trous", a déclaré le psychologue Anthony Puliafico, professeur assistant de psychologie clinique à l'Université de Columbia, New York, dans un courrier électronique. "Si un individu est simplement" dégoûté "par des images de petits trous ou motifs, mais que leur aversion ne nuit pas à leur fonctionnement, ce ne serait pas une phobie."

En d'autres termes, une phobie doit «interférer de manière significative avec la routine normale de la personne», comme indiqué dans le DSM-5. Les scientifiques restent incertains quant à savoir si la trypophobie répond à ce critère, bien que davantage de recherches puissent résoudre cette question.

La trypophobie est-elle réelle?

On pense que le terme «trypophobie» provient d'un forum en ligne intitulé «A Phobia of Holes». Un utilisateur irlandais du nom de Louise a consulté l'Oxford Word and Language Service pour obtenir de l'aide sur l'élaboration du mot, ce qui se traduit par «peur des trous» en grec..

Le terme est devenu d'usage courant en 2009, lorsqu'un étudiant de l'Université d'Albany, Masai Andrews, a fondé le site Web Trypophobia.com et un groupe de soutien trypophobe sur Facebook, selon Popular Science. À ce jour, le groupe public compte plus de 13 600 membres. Un groupe sœur plus récent, appelé "Trypophobia Triggers", agit comme une archive d'images grêlées et piquées qui font tourner l'estomac des membres.

Après une longue lutte, la communauté trypophobe a obtenu une page Wikipedia décrivant la maladie. Les rédacteurs en chef de Wikipédia avaient supprimé une tentative de page en 2009, déclarant que la trypophobie était "probablement un canular et un non-sens de brevet limite", a rapporté le Washington Post. La peur a maintenant acquis la renommée de la culture pop et a même été présentée dans la septième saison de la série télévisée "American Horror Story", comme l'a souligné BuzzFeed.

Ce que dit la science

La trypophobie est entrée pour la première fois dans la littérature scientifique en 2013, lorsque les chercheurs ont proposé que la maladie découle d'une aversion innée pour les animaux dangereux. Les scientifiques ont allumé l'idée quand l'un de leurs participants à l'étude a mentionné leur peur de la pieuvre aux anneaux bleus, un animal hautement toxique avec des taches de couleur bleu. Les chercheurs ont réalisé que de nombreux animaux dangereux, tels que la méduse-boîte, le serpent taipan intérieur et la grenouille venimeuse de fléchettes, partagent des caractéristiques visuelles similaires aux déclencheurs de la trypophobie; à savoir, leurs motifs sont généralement très contrastés et groupés, mais pas si proches qu'ils se chevauchent.

Certains scientifiques pensent que la trypophobie n'est pas une peur trop généralisée des animaux, mais des maladies humaines. De nombreuses maladies infectieuses et parasites laissent la peau criblée de taches et de plaies - pensez à la variole, à la scarlatine ou aux piqûres de mouches. Une étude de 2017 a suggéré que ce chevauchement pourrait expliquer les nausées et les sensations de «rampement cutané» provoquées par la maladie..

D'autres preuves suggèrent que les déclencheurs de la trypophobie provoquent simplement un inconfort visuel et que certaines personnes sont particulièrement sensibles à leurs effets, tels que la fatigue oculaire et les distorsions perceptives. De plus, une étude de 2016 a révélé que les trypophobes ont tendance à être très empathiques et sensibles aux stimuli dégoûtants. En fin de compte, les scientifiques n'ont toujours pas identifié la cause sous-jacente de la maladie.

Comment guérir la trypophobie

Bien qu'elle ne soit pas répertoriée dans le DSM5, la trypophobie peut perturber la vie des gens.

"Comme pour toute peur ou aversion, si vos symptômes sont persistants et pénibles ou altérant, je recommanderais de consulter un professionnel de la santé mentale ayant une expertise dans le traitement de l'exposition", a déclaré Puliafico. Dans le traitement d'exposition, un thérapeute guide un individu dans une confrontation progressive à des objets ou à des situations qui provoquent la peur ou le dégoût. "Il est de plus en plus évident que des phobies spécifiques peuvent être traitées de manière intensive, et dans certains cas après une seule séance d'exposition."

Ressources supplémentaires

• Voyez si votre peau rampe à la vue des crapauds de mer du Suriname en train d'accoucher, de National Geographic.
• En savoir plus sur les troubles anxieux et les phobies dans cette vidéo de Crash Course.
• En savoir plus sur ce qui définit une phobie selon la Harvard Medical School.